Les animaux de compagnie peuvent-ils être vecteurs du coronavirus ? En réalité, les chiens et chats ne présentent pas de risques de contagion, mais sont des victimes indirectes de l'épidémie.
Les chiens et les chats peuvent-ils attraper le coronavirus voire, pire, le transmettre à l'homme ? La question a affolé les propriétaires d'animaux de compagnie fin février, quand le département de l'agriculture et de la pêche de Hong-Kong a publié un communiqué indiquant qu'un chien d'un patient contaminé par le Covid-19 présentait lui aussi un "faible niveau" d'activité virale. Le cas de cet animal, un loulou de Poméranie hongkongais, a fait le tour des médias internationaux, la question étant de savoir si son maître avait pu le contaminer ou si l'inverse était possible. Le chien a d'ailleurs été emmené vers un centre de quarantaine pour animaux situé à proximité de Hong-Kong après avoir été testé positif.
Le cas a immédiatement été saisi par la communauté scientifique, y compris en France, qui a tenté de répondre à la question lancinante qu'il posait. La dernière réponse a été apportée par Vincent Enouf, directeur adjoint du centre national de référence des virus respiratoires de l'Institut Pasteur. Ce dernier s'est exprimé le jeudi 12 mars sur la question d'une potentielle transmission à l'homme du coronavirus par un animal de compagnie sur BFMTV. Et pour lui la réponse est catégorique : "Non, les animaux domestiques ne sont pas contagieux". L'Institut Pasteur estime d'ailleurs que "le passage du SARS-CoV-2 de l'être humain vers une autre espèce animale semble actuellement peu probable."
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Le chien peut-il attraper le coronavirus ?
Il est aussi peu probable que ce soit l'homme qui ait transmis le virus à l'animal. Il est même incertain que le chien ait été réellement contaminé selon l'ANSES en France. L'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail a souligné que "si le génome du virus a été détecté dans les cavités nasales et orales d'un chien au contact d'un patient infecté à Hong Kong, la détection du génome n'est pas une preuve suffisante pour conclure à une infection de l'animal. Une contamination passive n'est pas à exclure." En d'autres termes impossible de savoir si le coronavirus si le chien était effectivement contaminé, ou s'il avait avait simplement léché des surfaces contaminées par le virus dans la maison où il vivait.
Aussi, la souche du coronavirus animal et humain est différente. "Les chiens et les chats accueillent de nombreux coronavirus, de type alpha, alors que ceux qui attaquent l'homme sont de type bêta (comme ceux du SRAS, du MERS ou le SARS-CoV-2). Jusqu'à présent on ne connaît pas de cas où un virus bêta aurait rendu malade un animal", indique la vétérinaire James Gray dans Le Monde. Les coronavirus chez l'animal se traduisent par des troubles digestifs et non des problèmes respiratoires. "Il y a beaucoup de causes pour faire tousser ou éternuer les chiens et les chats. Mais les coronavirus n'ont pas ce genre d'effet sur les animaux", théorise Tom Mangan, président de l'association des vétérinaires de Hongkong (HKVA).
Les experts ont également exclu "la possibilité de transmission directe du virus par un aliment issu d'un animal contaminé." Si contamination alimentaire il y a, elle est d'origine humaine. "Une personne infectée peut contaminer les aliments en les préparant ou en les manipulant avec des mains souillées, ou en les exposant à des gouttelettes infectieuses lors de toux et d'éternuements." Afin de pallier une contamination éventuelle, l'ANSES recommande un "traitement thermique à 63°C pendant 4 min".
Les animaux, victimes indirectes du coronavirus
Par ailleurs, les animaux peuvent être des victimes indirectes du coronavirus. Si leur contamination est peu probable, le ralentissement de la production de médicaments en Chine pouvait laisser craindre une possible pénurie pour traiter d'autres pathologies animales. La Food and Drug Administration, qui gère aux Etats-Unis les médicaments humains ou animaux rapporte : "Il y a 32 entreprises produisant des médicaments ou des substances actives en Chine dans le cadre des médicaments pour animaux et aucune pénurie n'a été signalée. Toutefois 6 ont identifié des perturbations qui pourraient donner lieu à des pénuries."
Outre une hypothétique pénurie de médicaments, les soins vétérinaires pourraient être impactés. En effet, à la demande du ministère de la Santé, le Conseil national de l'Ordre des vétérinaires demande à ses membres de se montrer "solidaires avec la médecine humaine." "Si vous possédez du matériel d'anesthésie et de réanimation et si vous êtes disposés à le mettre à la disposition des hôpitaux en cas de nécessité, vous pouvez compléter en ligne un questionnaire concernant les respirateurs d'anesthésie, les concentrateurs d'oxygène et les scopes", énonce l'Ordre dans une missive.
Pour la santé physique et mentale des animaux des sorties sont nécessaires. Malgré les mesures de restriction des déplacements prises par le gouvernement, les propriétaires d'animaux de compagnie peuvent continuer à les promener "pour leur permettre de satisfaire leurs besoins ou pour un rendez-vous vétérinaire."
La crainte d'une vague d'abando
Depuis le 15 mars 2020, les SPA (Société Protectrice des Animaux) sont fermées au public. Un service minimum est en vigueur. Les chats et les chiens sont nourris, promenés, soignés par les salariés de la Fondation. Cependant, les cadres de l'association redoutent une vague d'abandons. "Nous avons reçu énormément d'appels. Il y a ceux qui pensent que les animaux peuvent transmettre le coronavirus à l'homme, et ceux qui partent en province et/ou en famille. Comme pour les départs en vacances.", regrette auprès de 20Minutes Laëtitia Queherno, responsable d'un refuge de la Fondation. Elle regrette que "les gens attachent les animaux à nos grilles ou les lancent carrément par-dessus". "On a eu des boîtes pleines de chats. Si le confinement est maintenu, il faudra s'attendre à beaucoup d'abandons. C'est une bombe à retardement" ajoute-elle. Le cas échéant, les associations et refuges ne pourront plus faire face au flux d'animaux. Conformément au droit français, les bêtes seront euthanasiées.
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