Depuis quand le chat est-il domestiqué ? Petite histoire du chat
Contrairement à ce que l’on a longtemps cru, les Égyptiens de l’Antiquité n’étaient pas les premiers à domestiquer les chats et à vivre en leur compagnie, il y a près de 3500 ans. De récentes recherches et des découvertes archéologiques ont permis de mettre en lumière les premières formes de domestication datées d’environ 10000 ans !
Contrairement à de nombreuses espèces d’animaux qui ont été domestiquées pour leur utilité, le chat, s’il a pu être utile à une certaine époque, a – presque – toujours été apprécié pour sa seule présence. Découvrons ensemble cette part peu connue de l’histoire de nos petits félins à pattes de velours.
Le chat domestique : une origine aujourd’hui mieux connue
Le chat domestique actuel, que l’on connait sous l’intitulé Felis silvestris catus, serait un descendant du chat sauvage présent au Moyen-Orient, le Felis silvestris lybica, lui-même issu de la grande famille des chats sauvages, le Felis silvestris. C’est ce que des études récentes du génome félin ont démontré, alors qu’on le pensait jusqu’à peu issu du chat sauvage européen, le Felis silvestris silvestris. En 2000, l’étude de Carlos Driscoll sur l’ADN mitochondrial de plus de 900 chats a révélé que les 13 millions de chats qui peuplent la France et qui vivent dans nos foyers sont donc des descendants d’ancêtres vivant dans les régions du Croissant fertile.
Ce serait l’agriculture, dont les premières formes sont nées il y a près de 10000 ans, qui les aurait attirés vers les villages. En effet, les stocks de blés et de grains abritaient des rongeurs que les chats sauvages sont venus chasser. Leurs capacités à débarrasser les récoltes des petits parasites et à chasser également les animaux dangereux comme les serpents ont encouragé les hommes à leur "ouvrir leur porte", ou tout du moins à les encourager à rester dans le secteur, afin de les préserver des indésirables. Le chat est donc arrivé tardivement dans les pas des hommes, contrairement au chien qui partageait leur existence depuis déjà plusieurs millénaires, notamment pour ses qualités d’auxiliaire de chasse.
Les petits dieux de l’Égypte antique
Il n’est pas véritablement possible de dater avec exactitude l’époque à laquelle le chat est entré dans le foyer pour devenir le compagnon de l’homme, apprécié pour ses qualités de douceur, d’élégance et de nonchalance et non plus seulement pour ses capacités de chasseur. Toutefois, on sait que celui-ci a su se faire rapidement apprécier des humains. Le chat, peu encombrant, a pu suivre l’homme dans les différents déplacements à travers l’Europe.
Dans l’Égypte antique, il fut déifié et vénéré, comme de nombreux autres animaux. Mais contrairement aux grands félins sauvages, le chat se laisse caresser et apprivoiser, tout en faisant preuve de magnificence et d’une prestance inégalée. La déesse de la beauté et de la fécondité Bastet était représentée avec une tête de chat, une véritable consécration pour ces petits félins que les Égyptiens nommaient miw ou miwt, qui se prononce "miou". Placés sous la protection du pharaon, les chats étaient grandement vénérés. Quiconque en tuait un s’exposait à la peine de mort.
La haute position des chats dans la société de l’Égypte antique se constate également à travers la mort. De nombreuses momies de chats ont été retrouvées dans les tombes de hauts dignitaires. Plus de 300000 momies ont été découvertes dans la seule ville de Bubastis, ancienne capitale d’Égypte. Les chats avaient également le droit à des funérailles somptueuses et étaient embaumés avec des souris afin que celles-ci les accompagnent dans la mort. Le décès d’un chat dans une famille était vécu comme la perte de l’un de ses membres ; chacun se rasait les sourcils en signe de deuil.
À l’assaut de la Grèce antique et de l’Empire romain
La légende veut que les Grecs, par jalousie, aient volé plusieurs couples de chats aux Égyptiens qui refusaient de leur en vendre. L’animal se serait ensuite reproduit puis développé sur ce nouveau territoire. Quoi qu’il en soit, le chat s’est peu à peu installé en Grèce avant de conquérir également l’Empire romain et les terres gauloises puis celtes.
Le chat ne fut pas aussi attendu qu’auparavant pour ses capacités de chasseurs de rongeurs, car les fouines, les furets et les belettes assuraient déjà ce rôle. En revanche, le félin fut rapidement considéré comme plus agréable et moins malodorant. Plus docile, raffiné et élégant, il se fit une place au sein des foyers. Chez les Grecs, il garda toutefois une note plus coûteuse, contrairement au chien qui était vu comme l’ami fidèle ; le chat était offert en cadeau précieux.
La Rome antique conféra une place de choix au chat. Présent dans toutes les maisons, il était apprécié de tous et surtout des soldats qui les emmenaient lors de leurs campagnes. Ces voyages permirent au félin de coloniser l’Europe peu à peu et de se faire adopter partout. Il aurait atteint les îles britanniques peu après cette époque, échangé par des marchands contre de l’étain.
Une chute de popularité à l’époque médiévale
Au début du Moyen-âge, le chat avait quelque peu perdu de sa superbe. S’il était apprécié pour ses qualités de chasseur de rongeurs, il entrait peu dans les foyers. L’influence de l’Église catholique a joué un rôle dans cette chute de popularité en le déclarant animal démoniaque, une créature impure dont le contact ne devait plus être permis. Il fut alors peu à peu chassé des maisons, ceux qui l’acceptaient étant punis et condamnés au jeûne pour expier leur faute.
Le véritable tournant eut lieu au XIVe siècle, au sortir de la grande épidémie de peste noire qui ravagea l’Europe. L’émergence de cultes païens entraîna la déchéance du chat, qui fût alors considéré comme la créature du malin. Tour à tour symbole de malchance, de mal, de sournoiserie, de péché, de paresse et de sorcellerie, il fut sacrifié en grand nombre sur des bûchés lors de l’Inquisition, notamment en raison de l’Édit du pape Innocent VIII en 1484.
Un retour en grâce par les faveurs de Louis XIV et de… Louis Pasteur
En 1648, le Roi Soleil fit interdire les bûchers pour le sacrifice des chats. Cet amateur de félins contribua à leur retour en grâce d’abord en tant que chasseurs, puis en tant qu’animaux de compagnie.
Le chat prit également part à de nombreuses expéditions maritimes grâce à ses talents de souricier. Il était en effet très utile sur les bateaux pour chasser les rats et les souris des vivres et denrées. Il colonisa ainsi peu à peu d’autres territoires, comme les Amériques, et il fut l’objet d’échanges et de trocs avec les populations locales.
Au XIXe siècle, les recherches de Louis Pasteur parvinrent à démontrer que les maladies étaient transmises par des microbes et non par les sorcières. Les chats, qui y étaient traditionnellement associés, ont donc retrouvé une image plus positive. Le scientifique a notamment démontré que l’animal est un modèle de propreté, puisqu’il se lave seul et de nombreuses fois par jour. L’art contribua également à la réhabilitation du félin, notamment le courant du romantisme. Débarrassé de ses images de créature maléfique, le chat redevint un symbole d’élégance et de raffinement.
Aujourd’hui, le chat peuple nos foyers et le cœur de nombreux humains à travers le monde. Apprécié de tous pour sa beauté, sa douceur et sa précieuse nonchalance, il est redevenu un être à part entière dans les familles dont il partage l’existence.
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